Wednesday, April 26, 2006

Escapade à madrid

Il n'est pas donné à tout le monde de voir une ville réputée pour sa couleur et sa chaleur, sous la pluie. L'eau et la grêle se sont donné rendez-vous au dessus de Madrid pendant trois jours, pour le grand bonheur des terres sèches et ocres environnantes. Pour le grand malheur de tous les touristes qui avaient naïvement chaussé leurs paires de hawaïennes, prêts à parcourir des kilomètres d'asphalte l'oeil rivé sur leur caméra numérique. Un week-end sous l'eau, à s'imaginer le Palacio Real sous la lumière crue du soleil, à rêver des terrasses bondées et surchauffées, à éviter les flaques d'eau et les averses. Des échappées de soleil ont bercé quelques moments de douceur dans cette ville que je découvrais, guidé par mon ami Marcus, toujours prêt à me faire découvrir ces endroits insolites et typiques qu'il a frequenté au temps où la capitale espagnole était son terrain de jeu. Le troisième jour a été une revélation: les rayons de soleil, que l'on croyait perdus derrière les nuages, ont inondé Madrid, la belle oisive! Etonnament, la ville ne change pas radicalement de visage: cette cité que j'avais perçue sans son maquillage, rayonne de joie par tous temps. La lueur de son ciel n'est qu'un bijou pour réhausser ses qualités naturelles: bonté, allégresse, joie de vivre et vitalité. Madrid, je te retrouverai pour sourire à tes côtés.

>Alicia, gracias por la alegria que me dio verte despues de tantos años.

Wednesday, April 19, 2006

Mauvaises Nouvelles

Les humains ne se lassent pas d'avoir peur. Et moi en premier. Mécaniquement, je me soumets aux lois du tube cathodique à l'heure de grande écoute, à l'unisson avec l'ensemble de ceux qui, comme moi, abandonnent leur esprit le temps d'une visite guidée du monde d'horreur en horreur. Vingt-quatre heures de malheur global condensé en images éclairs, en commentaires saccadés, en fragments d'un monde parallèle qui se décompose sous le poids de la souffrance. Un volcan explose. Les frissons s'emparent de nos corps et font vibrer nos chairs trop souvent inertes et complaisantes. Une voiture explose. Bizarrement, notre vie naît là où l'agonie ronge, écrase, écartèle ces tristes personnages qu'un décor d'horreur qui s'acharne, tous les jours, à les amputer de petits bouts d'existence. Un visage explose. Lentement, nous nous nourrissons de leur pleurs, leurs larmes, leurs cris et leurs vestiges. Derrière les tubes cathodiques et écrans plasma reluisants se joue un théâtre planétaire, violent et silencieux. Je me dégoûte de m'abreuver au sang qui coule de tant de plaies ouvertes. Je n'ai qu'une envie. Mettre fin à ce flot de sensations perverses, troublantes et néanmoins réjouissantes. La vie n'est pas faite que de malheurs et cette idée me réconforte. Je regarde à travers la fenêtre, le ciel est là, paisible, bleu et immense. Un vaste écran monochrome qui ne dit rien, sauf l'indicible bonheur d'être dans le moment présent.

Tuesday, April 18, 2006

La ligne blanche

Sensation étrange que celle d'un écran blanc; d'une ligne blanche plutôt, alignement froid de pixels clignotants en attente de leur baptême. Cette ligne blanche, la première, celle que l'on ne pourra pas oublier. Comme un fil de substance stupéfiante que l'on observe avec réserve, parfaitement droit et narquois. Le grand saut que promet la blancheur irréprochable de ce segment d'espace, absence de couleur aux potentiels multiples et nuancés. Hésitation avant de le faire disparaître au fond de soi-même, convoité du regard et aspiré par le corps. Jouissance de le sentir en soi, incorporé et désormais hors de portée des pupilles, remplacé par un horizon aux bords dilatés sur un monde inconnu mais reconaissable. Voilà, la ligne a disparu, et ici commence ma Terra Incognita.